Edifiée au début du XVIe siècle le long du ruisseau éponyme, la chapelle Notre-Dame de Treize Pierres recèle un décor peint exceptionnel. L’intégralité de ses parois sont ornées de fresques polychromes réalisées par l’artiste d’origine russe Nicolaï Greschny au début des années 1950.
Un site de légendes
Le 19 mars 1509, la Vierge Marie apparut à Colonges, un modeste paysan dont la charrette s’était embourbé dans les eaux brunes du ruisseau en crue. Accompagnée des douze apôtres dont chacun prenait place sur des rochers enfouis, elle permit au véhicule de franchir le passage. Très rapidement, un pèlerinage se développa sur le site miraculeux et l’évêque de Rodez fit enchâsser les treize pierres dans le sol du sanctuaire qu’il inaugura le 1er juillet 1510.
Certains racontent qu’au début du XIIIe siècle, en creusant avec ses sabots et ses cornes, une vache y aurait découvert treize morceaux lapidaires qui, reconstitués, formèrent une statue de la Vierge Marie. Les religieux de l’abbaye de Loc-Dieu voulurent emporter la bête mais celle-ci revenait toujours au lieu de sa découverte. C’est ainsi qu’on y fit bâtir un premier oratoire, dit « des Miracles », au lendemain de la croisade menée contre les Albigeois.
Un lieu d’art sacré
En 1952, le peintre d’origine russe Nicolaï Greschny orna les murs et la voûte de fresques polychromes exceptionnelles. Ce dernier y consacra une place prépondérante à la Vierge Marie, avec des scènes allant de l’Annonciation à l’Apocalypse en passant par la Nativité, la Dormition et le Couronnement. Rendant hommage au charretier Colonges, au Christ et à saint Roch, ce foisonnement de couleurs et de personnages d’inspirations byzantine et orthodoxe s’associe à un chemin de croix très expressif venant rythmer l’ensemble artistique.
Une histoire méconnue
En 1506, une épidémie de peste dévasta la population villefranchoise. Les habitants décidèrent alors de dédier un sanctuaire à la Vierge Marie pour qu’elle les protège de ce fléau. 120 ans plus tard, elle fut agrandie par deux chapelles et l’on y ajouta le portail en pierre de l’entrée de style classique. A la Révolution française, la chapelle fut vendue comme « bien national » et ne retrouva sa fonction religieuse que dans les années 1850.
En dehors de la bastide médiévale, à l’écart des circuits touristiques traditionnels et modeste d’apparence, la chapelle Notre-Dame de Treize Pierres possède un riche patrimoine qui mérite que l’on s’y intéresse davantage. Les clercs de Saint-Viateur qui en sont encore aujourd’hui les gestionnaires y organisent des visites commentées, toute l’année pour les groupes et en juillet, août et septembre pour les individuels.