La chapelle des Pénitents Noirs, une pépite à découvrir au cœur de la bastide de Villefranche de Rouergue. Laissez-vous conter l’Histoire de ce monument exceptionnel.
Un extérieur de style classique
La façade est de style classique, plutôt rigide, avec des arcs plein cintre, des pilastres rectilignes et un tympan prenant la forme de l’oméga. On est ici dans une reprise des motifs de l’Antiquité comme le souligna Vitruve dans la plupart de ses traités. Ici, la dernière lettre de l’alphabet grec marque la rencontre entre l’homme fini et le dieu infini, en lien avec la spiritualité et l’activité de confrérie. La balustrade ne fut posée que quelques décennies plus tard tout comme le double-campanile qui semble pencher de divers côtés en fonction des saisons de l’année. Le plan au sol correspond à une croix grecque, calquée sur le Saint-Sépulcre à Jérusalem et sur la chapelle Saint-Jérôme des Pénitents Bleus de Toulouse. Le chœur est volontairement occidenté afin que l’on puisse émerveiller la population lorsque l’on ouvrait les portes de la chapelle, dans le but d’inciter davantage de monde à rejoindre la confrérie.
À l’intérieur : un décor exceptionnel
La voûte
Réalisée à la fin du XVIIe siècle et achevée en 1701 par l’atelier local de Mathieu et Pierre Guy, la voûte se compose des anciennes planches qui composaient le parquet du réfectoire de l’abbaye de Loc-Dieu. Désormais, elle présente une riche iconographie reprenant l’histoire du culte de la croix. En plus de la nuée d’angelots rayonnant autour du labarum, on distingue Constantin Ier, premier empereur chrétien, Louis XIV, roi de France révocateur de l’édit de Nantes, sainte Hélène, découvreuse des premiers morceaux de l’objet suppliciel, saint François de Sales, un des principaux acteurs de la Contre-Réforme catholique, et les quatre évangélistes avec leurs attributs, saint Luc et le taureau, saint Marc et le lion, saint Matthieu et l’ange et saint Jean et l’aigle. Traités de manière naïve et champêtre, ils prennent place au milieu de guirlandes de fleurs, d’arabesques végétales et de rubans de soie, typiques de l’ornementation baroque.
Le retable
Probablement l’œuvre d’un atelier aux influences hispaniques, le retable fut réalisé entre 1709 et 1725. Entièrement en bois rehaussé de couleurs et de feuilles d’or, il s’organise sur deux plans superposés. Le premier niveau fait référence à la vie terrestre du Christ alors que le second évoque le monde céleste. Tout d’abord, entourant la Crucifixion, quatre panneaux illustrent l’Arrestation de Jésus au Mont des Oliviers, la Flagellation, l’Ecce Homo et le Portement de Croix. Au-dessus de la voûte à caissons étoilée, sort de son tombeau le Christ ressuscité lors de son Ascension. Il est accueilli au ciel par Dieu le Père ainsi que la colombe du Saint Esprit matérialisant la Trinité. Bien que l’on retrouve également la présence des quatre évangélistes, des chapiteaux composites ornés de feuilles d’acanthe et d’oiseaux, des pots à fleurs et des pots à feu, des cuirs découpés et des colonnes torsadées et cannelées complètent le décor.
Les peintures
Insérés dans les années 1760 à l’emplacement de baies initiales, les six grands tableaux sont l’œuvre du peintre toulousain Charles Dujon. Réalisés sur des copies de Jean-Baptiste Jouvenet, de Carl von Loo et de Boulogne le Jeune, ils mettent en avant certains épisodes clef du dogme catholique. L’Annonciation fait face à la Présentation au Temple alors que la Mise en Croix fait face à la Déposition et que la Nativité fait face au Mariage de Marie et de Joseph. Entourés de gypseries composées d’oves et de raies de cœur, ils sont surmontés par des dorures représentant des bâtons de procession, des calices, des ostensoirs, des instruments musicaux, du blé et de la vigne. Ils sont séparés par des pilastres recouverts de faux-marbres sous lesquels le décor primitif du XVIIe siècle a été conservé sur certains.